Le Mariage Forcé

Tout public -1h00 -Théâtre d’objet – Deux comédiens, farce joyeusement cruelle.
de Molière.
Crée en 2005 en Résidence au PARI à Tarbes.

Sganarelle face à sa vieillesse inavouée désire viscéralement se marier mais son angoisse d’être cocufié le tenaille! Perdu dans sa frénésie de dédoublement, il se crée un idéal féminin, de couverture de magasine, qui se transforme peu à peu en bourreau. Cette Comédie de Molière (actualisée) questionne sur les forteresses que nous nous construisons.

Le Mariage forcé est une des intrigues les plus simples des comédies de Molière, directement issues de la farce et inspirée par Rabelais. L’auteur se concentre sur la forme, les mécanismes comiques, les empilements successifs, et les malentendus chroniques.

Le personnage principal, Sganarelle, apparaît dans la pièce comme quelqu’un de différent. De ceux qui ont raté le coche de la norme sociale : celle qui pousse hommes et femmes à se marier et à se reproduire. La voix de l’honnête homme, ici Géronimo, s’élève pour instruire le public de la folie que cela représente. Seuls les jeunes gens se marient. Mais Sganarelle, mû par une évidente pulsion sexuelle, refuse d’entendre. Ce n’est que lorsqu’il comprendra que même cette pulsion restera insatisfaite, qu’il changera radicalement d’attitude.

Et voilà que le mouvement se renverse : il veut se marier, il ne veut pas se marier.

Et pourtant, malgré cela, il se verra contraint en permanence de renvoyer la réplique à son protagoniste.
Car là aussi, Molière a simplifié : la plupart des scènes sont à deux personnages, comme une succession de duels, dont Sganarelle sort chaque fois plus ou moins perdant.

Un Sganarelle confronté à un choix unique : aimer ou mourir. Enfermé dans un système sans issue, seule la volonté quasi-schizophrénique de se « reproduire » lui permet d’échapper à la solitude à laquelle le destine irrémédiablement la société qui l’entoure.

Comment ne pas imaginer alors une version à deux acteurs, l’un perdu dans une frénésie de dédoublement, et l’autre comme une création du premier, sorte d’idéal féminin inaccessible, couvertures de magazine et placards publicitaires, se transformant brutalement en bourreau… Emmanuel Gérard

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